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Une crise énergétique à venir en Europe ?

A l’image d’une économie mondiale qui, en moyenne, consomme toujours plus d’énergies fossiles chaque année, la France et l’Union Européenne font face à un enjeu énergétique de premier ordre suite à l’assaut russe en Ukraine, le 24 février 2022.

Ainsi, depuis le début du conflit, des mesures de rétorsion ont été prises par les pays occidentaux envers la Russie afin de sanctionner le régime de Moscou pour cette attaque. Ces dernières visent à paralyser l’économie russe dans le but de l’isoler économiquement et diplomatiquement du reste du monde.

Outre les sanctions à l’égard des oligarques russes, comme le gel des avoirs à l’étranger, c’est principalement le secteur de l’énergie, facteur économique clé du pays, qui est sanctionné. En effet, la Russie détient d’immenses réserves de pétroles et de gaz, pour ne citer que ces 2 matières premières. Bien qu’à ce jour, les pays européens restent approvisionnés en gaz russe, l’exclusion de la très large majorité des banques russes du système SWIFT rend très compliqué le commerce de ces énergies fossiles.

Alors que ces sanctions visent directement la Russie, des conséquences indirectes sont prévisibles pour les pays de l’Union Européenne, très dépendants des exportations de matières premières russes. Près de 45% des importations de gaz et 25% des importations de pétrole, proviennent de Russie.

Les questions sur les conséquences et les solutions liées à cet effet « Boomerang », sur les pays de l’Union Européenne, sont posées.

I : Quelles conséquences pour l’Europe ?

L’inflation, un facteur qui avait presque disparu depuis une décennie dans l’Union Européenne, ou du moins qu’était à des niveaux très faible, apparaît comme un évènement majeur depuis la crise de la Covid 19. En effet, suite à la forte réduction de l’activité économique en 2020, causée par la pandémie et la reprise de l’activité mondiale en 2021, d’importantes pénuries se sont fait ressentir. Nous avons, par exemple, beaucoup entendu parler de la pénurie dans le secteur des semi-conducteurs. L’arrêt des usines de production en 2020, des entreprises avec des niveaux de stock au plus bas et des coûts de transport en hausse, combinée à une forte reprise de l’activité en 2021, a engendré des hausses de prix et ainsi favorisé un retour de l’inflation. A titre d’exemple, au 2ème trimestre 2021, l’inflation dans l’Union Européenne était de 2% (Source : Bloomberg) alors qu’au 4ème trimestre elle était de 4,8% (Source : Bloomberg).

De plus, ce phénomène inflationniste s’est accentué en 2022, avec la guerre en Ukraine : le niveau d’inflation au premier trimestre 2022 dans l’Union Européenne, s’est élevé à près de 6.3% (Source : Bloomberg). Cette dernière s’est presque qu’exclusivement portée sur les matières premières. Entre le 31 mars 2020 et le 31 mars 2022, c’est-à-dire du début de la pandémie jusqu’à la fin du 1er trimestre 2022, le prix du pétrole s’est apprécié de près de 144%, en passant de 43,30$ le baril à près de 105,65$ le baril (Source : Bloomberg). Les conséquences sont visibles pour les consommateurs européens. La hausse du prix des carburants est l’effet mécanique de la hausse du prix du baril de pétrole. C’est le pouvoir d’achat des ménages qui est impacté : en France, le prix du sans plomb 95 est passé d’environ 1,6€ le litre au 31/12/2021 à plus de 2,2€ le litre en mars 2022. (Source Carbu.com)

Concernant le prix du gaz naturel, il s’est apprécié de près de 301,23% entre le 31 août 2021 et le 31 mars 2022 (Source : Bloomberg).

La crise en Ukraine et les sanctions prisent à l’encontre de la Russie, ont largement contribué à la hausse des matières premières. Bien que tous les pays de l’Union Européenne soient touchés par le sujet, l’impact n’est pas le même puisque la dépendance aux énergies fossiles russes n’est pas identique en fonction des pays. Ainsi, l’Allemagne, première économie européenne, importe environ 45% de gaz russe tandis que la France n’en importe qu’environ 20%. Ces niveaux sont bien plus élevés pour les pays d’Europe centrale. On parle d’une dépendance de près de 80% au gaz russe pour la Pologne (Source : Senat.fr).

Le retour de l’inflation et la hausse du coût des matières premières sont des freins pour l’environnement économique européen. Alors qu’en 2021, la croissance économique dans l’Union Européenne affichait 5,3% de hausse (Source : ec.europa.ue), après la baisse de 5,9% en 2020 (Source : L’Express), la conjoncture en 2022 ne sera pas aussi favorable que l’année précédente. Si les entreprises ne sont pas en mesure de répercuter la hausse des coûts de fabrication sur les consommateurs, elles verront leur marge réduite. C’est la compétitivité des entreprises européennes qui peut être impactée.

L’Euro, devise prédominante des économies de l’Union Européenne ne cesse de se déprécier par rapport au dollar. Entre le 31/03/2021 et le 31/03/2022, la devise américaine s’est appréciée de 6% par rapport à l’Euro (Source : Bloomberg). Ainsi, la hausse des prix des matières premières et la baisse de l’Euro accentuent le coût d’achat des matières premières.

Par ailleurs, en plus d’augmenter la pression sur les déficits publics et les déficits commerciaux, l’inflation est susceptible de réduire la consommation des ménages, l’un des principaux moteurs de la croissance économique, puisque le pouvoir d’achat sera réduit.

Alors que le contexte géopolitique actuel remet en question l’approvisionnement en énergie de l’Europe, c’est tout un système de partenariats et d’alliances qu’il faut repenser.

II : Quelles sont les solutions ?

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, la dépendance de l’Europe à l’énergie russe (45% Gaz, 25% pétrole et 45% Charbon) et les différentes sanctions ont montré les limites du modèle européen.

Afin de sortir de la crise énergétique en Europe (90% de la consommation en gaz est importée), un accord européen a été proposé par la commission européenne afin de permettre une sortie de la crise et répondre à la hausse drastique des prix de l’énergie comme objectif immédiat et à l’Europe de devenir de plus en plus indépendante à l’égard de l’énergie Russe avant 2030 (objectif à moyen terme).

Cet accord reprend des mesures d’urgence et des mesures à moyen terme :

MESURES D’URGENCE

Celles-ci concernent le prix de l’énergie et ont pour objectif principal la régulation des prix de l’énergie et apporter de l’aide (aides d’Etats) aux consommateurs de l’énergie (entreprises), les entreprises qui font face à des prix d’énergie plus importants depuis la crise du Covid, la transition écologique et l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En plus des aides d’Etats, une autre mesure est proposée. Celle-ci consiste en l’obligation de remplir les réservoirs sous terrains d’au moins 90% de leur capacité au 1er octobre de chaque année. Il est aussi primordial de penser à limiter temporairement les prix de l’énergie eu Europe (gaz et électricité).

MESURES À MOYEN TERME

Afin de limiter sa dépendance à l’énergie importée de la Russie, l’UE a aussi repensé son modèle économique dans ce sens. Les mesures proposées sont reprises dans le plan REPowerEU. L’objectif est d’avoir recours à d’autres fournisseurs de gaz non russes, un accroissement des volumes de production et d’importations de biométhane et d’hydrogène ; et réduire l’utilisation des combustibles fossiles en renforçant l’efficacité énergétique (énergies renouvelables et l’électrique).

L’ensemble de ces mesures sont à l’échelle de l’union européenne. Et si on allait dans le détail des pays européens tels que la France et l’Allemagne : le président de la République française Emmanuel Macron a donné une importante place à l’indépendance économique de la France notamment sur le plan énergétique en proposant d’investir davantage dans l’innovation et la recherche ainsi que la mise en œuvre des moyens nécessaires pour faire de la France un pays en tête pour le nucléaire, les batteries, l’hydrogène et les énergies renouvelables. L’objectif final est d’être le premier pays à sortir du pétrole, du gaz et du charbon et devenir une grande nation écologique. Afin de répondre à la crise des prix de l’énergie, la France a dépensé plus de 20 milliards d’euro principalement au travers du blocage des tarifs réglementés.

En ce qui concerne le gouvernement allemand, il prévoit d’utiliser la biomasse (bioénergie) comme source d’énergie, déclaration du ministre de l’Économie et du climat Robert Hubeck le 6 avril 2022, en réponse à la crise énergétique et aux sanctions contre le gouvernement russe après l’invasion de l’Ukraine. Cette énergie sera consacrée essentiellement aux domaines difficiles à décarboner comme les transports et l’industrie. Il est à souligner que la dépendance de l’Allemagne au gaz russe est passée de 55% à 40% en quelques semaines et cette part devrait baisser encore jusqu’à 30% d’ici la fin de l’année.

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